La Roche-sur-Yon. L’AMAQY dans l’œil du cyclone ?

On aurait pu vous faire une belle rétrospective des événements 2018 qui se sont passés à la Roche-sur-Yon comme il est de tradition en cette fin d'année. Mais voilà, une enquête de plusieurs mois aboutit en cette fin d'année.


Départs "volontaires" avec ruptures conventionnelles, des jeunes livrés à eux-mêmes sans occupation de loisirs dans les quartiers, un cas de harcèlement moral non dénoncé, la nouvelle association des maisons de quartiers du pays yonnais (AMAQY) a des soucis, une enquête administrative est en cours... la politique jeunesse à la Roche n'est pas en forme, c'est le moins que l'on puisse dire. Des salariés sont à bout, ils ont décidé de parler sous couvert d’anonymat. Depuis son passage à l’AMAQY, l’association a du mal à trouver ses marques.

Un peu d'histoire

Avant, les associations de quartier étaient réunies autour d’une coordination : l’Acyaq. Elles gardaient leur autonomie financière et avaient neuf projets sociaux différents, soit une part maison de quartier.

Depuis juillet 2017,  L’Acyaq a donné naissance à l’Amaqy.  Objectif ? Passer d’une coordination d’associations à une seule et unique association pour en faciliter la gestion en faisant des économies d’échelle. 

Un peu plus d’un an après, le bilan n’est pas bon pour les jeunes, et les salariés. La gouvernance de l’association serait en cause et plus particulièrement la direction de l’association : la directrice et son sous-directeur.

Le départ d’un animateur respecté 

Tout a commencé l'été dernier, quand des habitants de la Vigne-aux-Roses ont été surpris de voir les jeunes du quartier traîner dans la cité, ce qui n'est pas habituel en cette période de l’année. Le club de jeunes restait fermé. Les jeunes se sont débrouillés, faute d'adultes pour les encadrer. Une situation qui interroge pour un quartier qui est "prioritaire" en termes de politique publique. Le quartier va bénéficier d’un plan de rénovation urbaine pour les bâtiments et la voirie. Le nouveau groupe scolaire "Pont Boileau" devrait ouvrir ses portes à la rentrée prochaine.

Sur l’ensemble des maisons de quartiers, quelques départs volontaires ont été constatés avec une rupture conventionnelle quand d’autres  attendent des opportunités professionnelles pour quitter un navire qu’ils jugent en perdition.

Ce qui a mis le feu aux poudres, dans le quartier de la Vallée Verte, c’est le départ de Kévin l’animateur jeunesse qui a quitté son poste en octobre 2018, après 15 ans de bons et loyaux services au dire de tout le monde.

Kévin, était très apprécié de tous. Une figure locale investie dans son travail auprès des jeunes du quartier. « C’est simple » racontent des habitants, « nous avions vu des jeunes traîner dans la Tour N de la Vigne-aux-Roses. C’était gênant pour tous les habitants. Peu de temps après, nous avons vu un jeune dans le bureau de l’animateur en train de faire son CV ce qui montrait un investissement permanent auprès des jeunes»

Autre soutien, les jeunes. À 16 ans, Ilyes va à la maison de quartier depuis cinq ans. « Au début, c'est un copain qui m'a présenté la maison de quartier. Ça m'a plu, il y avait des petites activités. L’animateur qui est parti nous a appris à être plus débrouillards. Il était toujours à me donner de petits conseils, il était toujours derrière nous à nous aider dans les projets. Par exemple, il nous a fait faire des meubles en palettes » explique le jeune homme.

« On se rend bien compte qu’à la Vallée [c’est comme cela que les jeunes appellent le quartier], ce n'est pas comme avant, on a moins de liberté. Avant on rentrait comme on voulait. Maintenant on nous dit qu'il faut venir et partir à des heures précises. C'est trop cadré » confie le jeune homme qui ne s’y retrouve pas dans la nouvelle organisation.


« J'ai vécu cet acharnement auprès de l’animateur. On m'a demandé de le surveiller : à son embauche et à sa débauche. Dans le règlement intérieur, c'est quelque chose qui justifie une sanction, pour le pousser à la faute » confie Claire une salariée.

« La fusion des associations de maison de quartier a été alimentée dans un mensonge. Les trois quarts des associations n'étaient pas d'accord. En faisant croire aux salariés que nous n’étions pas dans la légalité. On a été mis devant le fait accompli. Tout le monde a suivi » explique un salarié qui attend une opportunité de travail pour quitter la structure, comme quelques-uns de ses collègues.

Harcèlement moral

La direction de l’AMAQY ne reconnaît pas le harcèlement moral de Claire qui a été mise à disposition par la ville, et pourtant…

Pas un cheveu ne devait dépasser pour Claire qui se fait une queue de cheval tous les matins avant d’aller au travail sauf le jour où elle a voulu se les détacher et aller au travail comme ça.

« Quand j’ai les cheveux détachés, ça me fait un peu la boule afro. » Ce qui lui a valu un entretien avec ce supérieur indiquant que ce n'était pas adapté à son poste, en lui indiquant que ce n’était pas neutre « et qu'il fallait que je reste neutre m’expliquant que c'est comme si je portais une croix autour du cou ou c'était comme si un agent de l'hôtel de ville venait avec un palmier sur la tête. Ça m'a énormément choqué. Je me suis dit qu'on est dans le social, on est des adultes, pourquoi parle-t-on de cheveux comme cela ? »

Quand Claire refuse une tâche qui incombait à une de ses collègues, c'est une avalanche d'insultes : "tu es bête, idiote. Tu fais des bourdes sur bourdes et tu es fainéante."

Autre exemple, « il est arrivé de faire un dossier CAF pour une maman qui était en panique. Il fallait faire le dossier pour le lendemain. J'ai des réprimandes parce que ce n'était pas mon boulot» raconte Claire  sous le coup de l’émotion.

La ville reste attentive

Contactée, la Ville de la Roche-sur-Yon n’est pas très à l’aise sur le sujet. Elle finance à hauteur de 2 400 000 € l’AMAQY. Elle a souhaité cette mutualisation pour faire des économies d’échelle.

Interrogé sur les problèmes rencontrés par l’association, le maire reste prudent et rappelle qu’il avait souhaité cette mutualisation «  j’ai voulu une structure qui ait une vision globale sur l’organisation.  Par exemple, les jeunes dans les quartiers… comment on organise les choses pour qu’ils aient plus de propositions pour le vivre ensemble et apprendre le vivre ensemble ? Tout cela avec un coût moins élevé avec un maintien de la subvention même si le coût de fonctionnement était le moins élevé, charge à eux de répercuter ça sur les animations à réaliser dans les maisons de quartiers.

Concernant le cas de harcèlement moral, « le maire peut rappeler l’association à ses obligations et à ses fondements, mais il ne peut pas intervenir directement puisque c’est une association libre qui est certes subventionnée par la mairie.  Le maire n’a pas de pouvoir d’ingérence et c’est très bien j’insiste, et c’est très bien ainsi. Chacun pourra constater que, depuis cinq ans, je n’ai jamais fait d’ingérence dans les associations. »

Le maire rencontrera le président de l’AMAQY « c’est un débat que nous aurons  ensemble pour préparer l’avenir. »

L’AMAQY récuse tout en bloc. 

Jean-Paul Gréaud, président de l'AMAQY, considère que tout va bien. « En ce qui concerne les ruptures conventionnelles, il y en a eu d’autres, avec des gens qui ont voulu changer d’horizon, changer d’avenir et il n’y a rien de mal à cela. Si les gens étaient en opposition avec l’AMAQY, ils ne demanderaient pas une rupture. La rupture conventionnelle se fait dans d’excellentes conditions. Si on doit aller aux prud’hommes, c’est qu’il y a une faute présumée de la part de l’employeur du salarié,  mais, on n’en est pas là. »

Au sujet du harcèlement moral, le président de l’AMAQY doute des allégations et invite à se méfier des « qu’en dira-t-on » et précise que « jusqu’à preuve du contraire, personne n’est allé devant les tribunaux à la Roche-sur-Yon ou ailleurs. S’il y avait harcèlement moral, on serait devant les tribunaux et ce n’est pas le cas et cela ne sera pas le cas. »

« Concernant la gouvernance, je n’en connais aucune qui soit satisfaisante. Moi, j’ai une méthode. Les bonnes gouvernances sont celles qui satisfont tout le monde. Il faut savoir accepter que dans une entreprise de 70 à 80 salariés, il y ait une autorité autrement ce n’est pas gérable. » 

Y a-t-il assez d’animateurs pour s’occuper des jeunes dans les quartiers ? « Non. Financièrement, nous dépendons exclusivement des subventions de la Ville et de la CAF et il faut faire avec. »Au sujet de la direction générale de l’association « ma réponse est très claire. Nous n’avons pas à incriminer la direction générale. »

 

Dans une longue lettre témoignage datée du 8 octobre 2018, Claire victime de harcèlement moral avait prévenu l’ensemble de sa hiérarchie de sa situation. La lettre de sept pages se termine par « … je suis détruite moralement et je suis victime de harcèlement moral. »


L’association a envoyé un questionnaire à ses salariés où il leur est demandé de répondre à 5 questions dont 4 portent sur … la gouvernance de l’association.

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